La fileuse d'argent

Prix Locus 2019
Déterminée à sauver sa famille du naufrage financier, Miryem reprend avec succès l'activité de prêteur de son père, mais elle attire rapidement l'attention du roi des Staryk, une créature effroyable qui exige d'elle l'impossible. Wanda, fille de ferme miséreuse aux prises avec un père violent et alcoolique, lutte pour sa survie et celle de ses deux frères. Et quoiqu'elle vive dans les ors du château, Irina connaît un sort à peine plus enviable : son père, le duc, entend la marier sous peu à un homme connu pour son extrême cruauté. Trois femmes, trois destins mêlés dans le blizzard surnaturel d'un hiver qui menace de geler toute vie sur son passage.

Coup de cœur libraire 

La fileuse d'argent est un roman qui, à première vue, a tout l'air d'un conte slave : nous embarquons pour un voyage au pays des glaces, dans un village où l'hiver est rude et le prêteur est réputé être le serviteur du diable. La froideur s'est incrustée jusque dans le cœur de Miryem, la fille du prêteur, qui s'est endurcie pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour récupérer ce que les débiteurs ont refusé à son père, elle se montre sans compassion, et bientôt elle inspire respect et crainte partout où elle passe. On dit même d'elle qu'elle sait transformer l'argent en or. Cette légende parvient jusqu'aux oreilles du Roi des Staryk, un roi redoutable autant que mystérieux, qui lui propose un marché : relever des défis en échange de sa vie.

- Ce n'est pas convenable, pour une fille, a tenté ma grand-mère.

Mais mon grand-père a grogné.

- L'or ne connaît pas la main qui le tient, a-t-il dit.

Il est aisé de se glisser dans l'atmosphère de ce conte inspiré par le folklore d'Europe de l'est : dès les premières minutes d'écoute, on se sent transporté dans un monde glacé et magique. L'univers est riche, intéressant, et son côté surnaturel n'est jamais de trop, au contraire il renforce le mystère de la menace qui plane autour de Miryem. Naomi Novik sait raconter une bonne histoire : sa plume est fluide et soignée, son intrigue bien menée avec des changements de points de vue qui ne perdent pas pour autant l'audiolecteur.

Quand elle en parlait, ça avait l'air de quelque chose de très ordinaire, mais je savais qu'elle m'initiait à la magie. Après ça, la peur ne m'avait pas quittée, mais je ne pouvais pas m'empêcher de continuer. J'avais appris à tracer les formes magiques dans la poussière, puis à les dessiner sur une pierre plate avec une vieille plume usée et de la cendre mêlée d'eau, et enfin avec sa plume et son encre sur une feuille de papier usé, grise à force d'avoir été noircie et effacée.

Le roman ne compte pas une, mais trois héroïnes auxquelles il est difficile de ne pas s'attacher : Wanda travaille pour Miryem et rêve d'échapper aux prises de son père alcoolique et violent. Irina, quant à elle, n'est qu'une marionnette aux mains du sien, qui veut la donner en mariage pour son propre bénéfice. Toutes les trois viennent de milieux sociaux totalement différents, et pourtant elles sont animées du même courage et de la même force. Ce sont trois héroïnes malmenées, mais qui veulent s'affirmer et s'accomplir. Leurs point de vues sont assurés par Aaricia Dubois, Sophie Pyronnet et Marie Du Bled, dont l'audiolecteur.rice reconnaîtra sûrement la voix, puisqu'on pouvait l'entendre dans Là où chantent les écrevisses.

- Ma mère était assez magicienne pour m’octroyer trois dons, ai-je dit, et il s’est instinctivement penché pour m’écouter. Le premier était la sagesse ; le deuxième, la beauté ; et le troisième… que ces talents passent inaperçus aux yeux des imbéciles.