Le Chant des cavalières

Un royaume divisé, instable, des forces luttant pour le pouvoir. Un Ordre de femmes chevauchant des dragons. Des matriarches, des cavalières, des écuyères et, parmi elles, Sophie, l'élue, qui attend. Pour trouver sa place, elle devra louvoyer entre les intrigues de la cour et de son Ordre, affronter ses peurs et ses doutes, choisir son propre destin, devenir qui elle est vraiment.

Nouvelle venue dans le paysage de la fantasy francophone, Jeanne Mariem Corrèze livre ici un premier roman faussement classique, au style sensible et envoûtant.

Ça commence bien

Imaginez une réécriture des légendes arthuriennes, mais au féminin : c'est exactement le parti pris du Chant des Cavalières, premier roman de Jeanne Mariem Corrèze. Un univers de fantasy médiévale, un ordre constitué de matriarches, des cavalières chevauchant des dragons, des écuyères, et surtout, une élue, nommée Sophie. Cette novice, jeune écuyère apparemment sans particularité, va devoir trouver sa place dans un royaume instable car divisé par la lutte pour le pouvoir. Le seul remède pour sauver ce royaume de la ruine serait de trouver une Reine grâce aux puissants artefacts que la légendaire Maude a laissés derrière elle...

"Est-ce ainsi que tu me dis adieu, Acquilon de Nordeau ? Sans insigne, sans hommage ? Tu t'éclipses sur un ordre ?"

Aquilon ne put contenir le sourire embarrassé qui vint adoucir sa grimace contrariée. Elle s'inclina devant Raël.

"Adieu, Grand-mère. Si la Dame le veut, nous nous reverrons."

Jeanne Mariem Corrèze brode avec la précision d'une tisserande un monde riche et convaincant, peuplé de personnages haut en couleurs, avec un ordre établi qui régit l'univers. Sa plume délicate et raffinée est un plaisir pour les oreilles, d'autant qu'elle est portée par la voix au grain si particulier de Cécile Delacherie. Son timbre grave lui permet d'être tantôt prophétesse, tantôt conteuse ; sa voix profonde et mélodieuse semble avoir été faite pour lire le Chant des Cavalières.

De leurs quatre membres puissants, les dragons prirent appui sur les épais bastins de chêne encastrés dans la montagne, plantant leurs ergots de géants dans le bois centenaire, le vent souleva leurs plumes, agita les lourdes rectrices de leurs queues. D'une impulsion de leurs cavalières, ils se laissèrent tomber. Le vrombissement décrut tandis qu'ils se précipitaient vers le sol, puis retrouva toute sa puissance quand ils remontèrent soudain le long de la falaise.