L'homme qui lisait des livres

Entre les ruines fumantes de Gaza et les pages jaunies des livres, un vieil homme attend. Il attend quoi ? Peut-être que quelqu'un s'arrête enfin pour écouter. Car les livres qu'il tient entre ses mains ne sont pas que des objets – ils sont les fragments d'une vie, les éclats d'une mémoire, les cicatrices d'un peuple. 
 Quand un jeune photographe français pointe son objectif vers ce vieillard entouré de livres, il ignore qu'il s'apprête à traverser le miroir. " N'y a-t-il pas derrière tout regard une histoire ? Celle d'une vie. Celle de tout un peuple, parfois ", murmure le libraire. Commence alors l'odyssée palestinienne d'un homme qui a choisi les mots comme refuge, résistance et patrie. 
 De l'exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, du théâtre aux amours, des enfants qu'on voit grandir et vivre, aux drames qui vous arrachent ceux que vous aimez, sa voix nous guide à travers les labyrinthes de l'Histoire et de l'intime. Dans un monde où les bombes tentent d'avoir le dernier mot, il nous rappelle que les livres sont notre plus grande chance de survie – non pour fuir le réel, mais pour l'habiter pleinement. Comme si, au milieu du chaos, un homme qui lit était la plus radicale des révolutions.

Il y a dans ce roman un souffle qui vous saisit dès les premières pages, une émotion simple et vraie qui vous accompagne longtemps après la lecture. L’homme qui lisait des livres raconte la complicité fragile et lumineuse entre un père et sa fille, unis par la passion des mots, par ce besoin de comprendre le monde à travers les livres. Chez Rachid Benzine, la lecture devient refuge, pont entre les cultures, et manière de résister à l’effacement.
On lit ce texte comme on écouterait une confidence, porté par une tendresse pudique, un chagrin doux. L’auteur évoque l’absence, la mémoire, la transmission avec une justesse bouleversante. Chaque phrase semble écrite pour dire combien la lecture peut sauver, apaiser, relier. C’est un roman qui réchauffe le cœur autant qu’il éveille la conscience.
Sur le plan littéraire, Benzine confirme ici toute sa maîtrise d’une écriture claire, lumineuse, profondément habitée par la réflexion humaniste. L’homme qui lisait des livres s’impose comme une œuvre à la fois accessible et universelle, un hommage vibrant à la littérature et à ceux qui, par les livres, donnent un sens à la vie.