Marie Stuart

Reine d’Écosse six jours après sa naissance en 1542, mariée à François II et reine de France à dix-sept ans, veuve un an après, remariée à lord Darnley, amante du comte de Bothwell qui tuera Darnley, réfugiée auprès d’Elisabeth I^re qui la gardera captive pendant vingt ans, décapitée en 1587 pour s’être laissée prendre au piège d’une conspiration : Marie Stuart est l’une des figures les plus romanesques, les plus tragiques de l’histoire.

À destin exceptionnel, biographe prodigieux. Seul Stefan Zweig, mêlant la rigueur scientifique à l’intuition romanesque, pouvait ainsi caresser les secrets d’une femme et comprendre que « ce n’est que sous l’effet de sa passion démesurée qu’elle s’élève au-dessus d’elle-même, détruisant sa vie tout en l’immortalisant ».

Ça commence bien

Marie Stuart, proclamée reine d'Ecosse alors qu'elle était encore au berceau, dont la main était déjà demandée alors qu'elle n'était qu'un nourrisson. Sa vie est digne des plus grandes tragédies : elle se retrouve propulsée reine de France en épousant François II, retourne en Ecosse lorsque son mari s'éteint, trompe son nouvel époux qui finit assassiné par son amant. Cela lui vaut d'être retenue captive par sa rivale, Elizabeth I, reine d'Angleterre, avant d'être condamnée à mort par cette dernière. Figure fascinante et controversée qui a fait se déchirer les historiens protestants et catholiques, elle a deux visages : la martyre et la criminelle.

Pour le moment son front brille toujours d'un éclat muet et froid, son sourire est doux et gracieux, son regard sombre qui n'a vu que le monde extérieur et n'a pas encore sondé les profondeurs de son cœur médite et interroge.

Nombre d'auteurs ont tenté de saisir toutes les complexités de son personnage, mais parmi eux, c'est sans aucun doute Stefan Zweig qui se détache. Grâce à sa plume romanesque finement ciselée et sa recherche rigoureuse de la vérité historique parmi tous les documents à sa disposition, il peint un portrait nuancé de Marie Stuart. La voix merveilleuse de Morgane Hainaut rend ce portrait vivant en soufflant un vent de fraîcheur sur l'Histoire.

Il en est des passions comme des maladies, on ne peut ni les accuser ni les excuser, on ne peut que les décrire avec cet étonnement toujours renouvelé et mêlé d’un léger frisson que l’on ressent devant les forces élémentaires qui se déchaînent tantôt dans la nature, tantôt chez l’homme. Des passions d’un tel degré ne sont plus soumises à la volonté de l’individu qu’elles assaillent ; elles ne font plus partie de la sphère de sa vie consciente, mais elles éclatent pour ainsi dire en dehors de lui, par delà sa responsabilité. Vouloir juger un homme subjugué par la passion serait aussi absurde que de demander des comptes à un orage ou traduire en justice un volcan.