Nos pères, nos frères, nos amis est une enquête immersive, un livre essentiel pour comprendre un point aveugle de notre société.
La petite graine de la violence, elle pousse, elle pousse, et je pense que cette graine est en moi depuis longtemps, elle fait partie de mon bagage, de ce que m'ont transmis mes parents. La violence surgit comme un instinct animal, et vous murmure à l'oreille : "C'est la faute de l'autre."

Pendant quatre ans, le journaliste Mathieu Palain s'est rendu dans des groupes de parole, dans une Maison des femmes, à des auditions judiciaires. Il a eu accès à des histoires et des témoignages d'une rare puissance.

220 000 victimes de violences déclarées, sans compter toutes celles restées dans l'ombre, cela signifie au moins 220 000 auteurs de violences. Et ce ne peut être 220 000 monstres, car comme l'a souligné Adèle Haenel, "les monstres n'existent pas". Les hommes violents se cachent parmi nos pères, nos frères, nos amis. C'est ce sur quoi porte le nouveau livre audio de Mathieu Palain. Après son podcast Des hommes violents sorti en 2019, le journaliste revient sur ce reportage pour l'approfondir. Il rajoute sa propre réflexion, nourrie par les critiques et les nouvelles rencontres. Pour cela, il a fait immersion dans des groupes de parole pour hommes condamnées pour violences, mais aussi dans une Maison des femmes.

Parfaite entrée pour ceux et celles qui voudraient se documenter sur le sujet, le livre audio aborde une sorte d'angle mort de la lutte, les hommes violents, sans pour autant invisibiliser les victimes de leurs violences. Son enquête révèle les dangers d'une violence systémique, ancrée dans la masculinité virile et toxique. Elle met également en lumière la nécessité d'une éducation dès l'enfance, du bienfait de la parole pour exorciser la violence.

Le constat est effrayant : l'effet de groupe est dévastateur. Ces hommes s'entretiennent dans un déni et une victimisation solidaires. Mathieu Palain, puisqu'il lit son propre livre audio, pose la question : est-il possible pour eux de changer ? En tout cas, pas tant que ces violences restent dans la banalité ; or il faudrait les sortir du quotidien, poser des mots, écouter. Regarder la vérité en face au lieu d'ignorer.