Nouvelle Babel

Jouant avec les codes du suspense, de la manipulation et du roman d'anticipation, Michel Bussi ne vous aura jamais autant fait voyager.
 
 La méthode, calme et systématique, du tueur terrifia les trois enquêteurs. Qui était cet assassin progressant à visage découvert ? Déjà, leurs tabletas se connectaient aux bases de données planétaires de reconnaissance faciale. Plus personne ne pouvait rester anonyme dans le monde actuel. Dans quelques secondes, ils connaîtraient l'identité de ce monstre. La suite du film fut plus sidérante encore.
 
 2097. Sur une île privée paradisiaque inaccessible, de paisibles retraités sont assassinés... Trois policiers, un journaliste ambitieux et une institutrice nostalgique s'engagent dans une folle course contre la montre pour préserver l'équilibre d'un monde désormais sans frontières, où la technologie permet aux humains d'être à la fois ici et ailleurs.

Ça commence bien

2097. Toute frontière a été abolie, permettant à chacun de se retrouver tantôt à Honolulu, tantôt à Hong-Kong. Dans cette utopie où l’on peut se téléporter dans un monde uniformisé, il n'existe plus qu'un seul peuple, une seule langue, un seul temps mondial, comme si la Tour de Babel n’avait jamais été détruite comme punition divine.

Mais la relative absence de criminalité est perturbée lorsque des retraités sont assassinés sur leur île paradisiaque. Leur tueur opère à visage découvert, et se déplace par un moyen de locomotion, ce qui le rend intraçable. Le revers de ce monde idyllique commence alors à apparaître : une catastrophe se trame dans l'ombre, car tous ne sont pas satisfaits par cette internationalisation. C'est une véritable course contre la montre qui débute pour d'un côté les opposants au régime, et de l'autre les trois enquêteurs lancés sur la piste du mystérieux tueur.

Ce récit d'anticipation se double d'un thriller aux quatre coins du monde, et l'on se laisse entraîner avec plaisir dans cette écoute passionnante. Dans Nouvelle Babel, Michel Bussi nous invite à réfléchir aux sujets de la téléportation et de l'internationalisation poussée à l'extrême. Est-il, dans ce cas-là, toujours possible de ressentir une appartenance ? La possibilité de se retrouver n'importe où n'importe quand laisse irrémédiablement entrevoir des contreparties plus sombres, très bien amenées par l'auteur.

Véritable bouffée d'oxygène, le style de Bussi rend la projection dans l'histoire très aisée. Les personnages, très attachants, sont portés par la voix de baryton de Thierry Blanc, toujours aussi agréable à écouter.