Soldat Peaceful

On m’appelle Tommo et j’ai dix-sept ans. Ce soir, j’ai la nuit entière devant moi, et je ne la gaspillerai pas à dormir, je ne la passerai pas à rêver. Je veux essayer de me souvenir de tout. Me souvenir de mon frère Charlie tel qu’il était à la maison, de nous tels que nous étions tous. Cette nuit, plus que jamais dans ma vie, je veux me sentir vivant…

Thomas Solivérès se glisse avec justesse dans la peau de Tommo et retrace l’histoire d’une famille chaleureuse, soudain prise dans la tourmente de la Première Guerre mondiale. Une lecture bouleversante.
 

Coup de cœur libraire

Ce roman de jeunesse est d'une justesse touchante. Il retrace avec beaucoup de poésie l'horreur de la première guerre mondiale vécue par deux frères anglais, Thomas, dit Tommo, et Charlie Peaceful. Cette histoire mêle la candeur de Tommo, et la violence des différents événements qui viennent bousculer sa vie, jusqu'à l'étape irréversible : La guerre. L'auteur y relate des faits réels si durs à entendre mais aussi l'histoire fictionnelle de cette famille à laquelle il est difficile de ne pas s'attacher.

Charlie m'a dit un jour que cette montre ne s'arrêterait jamais, qu'elle ne me laisserait jamais tomber, tant que je n'oublierais pas de la remonter. "C'est la meilleure montre du monde, m'a t-il dit, une montre merveilleuse". Mais ce n'est pas vrai. Si elle était si merveilleuse, elle ne se contenterait pas de donner l'heure, d'enregistrer le temps qui passe. N'importe quelle vieille montre peut faire ça. Une montre vraiment merveilleuse ferait le temps, alors, si elle s'arrêtait, le temps lui-même s'immobiliserait. Cette nuit ne finirait jamais et le lendemain ne viendrait pas. Charlie m'a souvent dit qu'ici, nous étions en sursis. Je ne veux plus de sursis. Je veux que le temps s'arrête, pour qu'il n'y ait pas de lendemain. Pour que l'aube ne vienne jamais. J'écoute encore ma montre, la montre de Charlie, elle marche toujours. N'écoute pas Tommo, ne regarde pas, ne pense pas. Souviens toi seulement.

La voix juvénile de Thomas Solivéres nous immerge complètement dans la narration, comme si Tommo Peaceful nous contait à l'oreille son histoire, si tragique et haletante.

Ce roman pour la jeunesse peut se targuer d'être à la fois un outil pédagogique et un divertissement pour les petits comme pour les grands. Le champs lexical du monde militaire s'immisce dans la narration et vient appuyer la justesse historique des faits relatés. L'épilogue, que je ne dévoilerai pas pour conserver le suspense, rappelle le lecteur à l'historicité du récit servant de toile de fond à cette narration mélodramatique.

Tout ce que je sais, c'est que je dois survivre. J'ai des promesses à tenir...