L'annonce

En 1998, du fond de l’oubli, une voix au téléphone informe Paule du Bouchet de la mort de Miette, son amie d’enfance. Miette fut la compagne des petits riens comme des heures intenses ; une jeune fille ardente, en mouvement, à la joie contagieuse mais à la mélancolie abyssale. Cette "amie-sœur" avait un secret qu’elle taisait. Par traits successifs et avec une puissance narrative étonnante, Paule du Bouchet offre un portrait singulier de Miette, et, en creux, d’elle-même. Avec son souci de questionner le travail du souvenir et sa construction, l’autrice défie l’absence et le deuil. Comme une histoire chuchotée dans le noir de la chambre, là où la frontière entre réalité et invention s’efface.

L'avis de Book d'Oreille

Paule Du Bouchet apprend un jour au téléphone la mort de Miette, son amie d'enfance, de façon trop banale : "Au fait, tu as su que Miette est morte ?". Pourtant sa relation à celle qu'elle appelait "Miette" était tout sauf banale. Elle l'avait peu à peu perdue de vue, mais l'annonce reste brutale et la force à se replonger dans le passé. La narratrice refait le chemin de son amitié avec Miette, des débuts houleux jusqu'à leur adolescence. Elle retrace le mystère de son amie, son grand secret, leurs souvenirs, et dans le reflet de Miette, elle dévoile son propre portrait, et son propre rapport à l'écriture.

Dans ce récit d'une amitié si spéciale, les temps se superposent : celui de l'amitié passée et celui de l'annonce qui revient sans cesse. A travers les anecdotes, la narratrice fait état de la découverte du monde adulte, du sexe, de la maternité, de la mort par les deux petites filles, de leurs différences, de la complexité de leur relation. Mais lorsque le temps présent revient, Paule Du Bouchet évoque son deuil, ce sentiment de "trop tard" avec pudeur et justesse.

Le récit ne s'étale pas en longueur, puisqu'il ne dure qu'une heure et demie environ. Il choisit avec soin les petits moments qu'il veut raconter. C'est un témoignage d'autant plus intime qu'il est lu par l'autrice elle-même, avec tout le recul et toute la maturité dont elle fait preuve quand elle porte son regard sur Miette, sur elle-même.