Nom

« J'ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l'héritage, de l'obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l'autorité parentale, je suis pour l'abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient éloignés de leurs parents au plus jeune âge, je suis pour l'abolition de la filiation, je suis pour l'abolition du nom de famille, je suis contre la tutelle, la minorité, je suis contre le patrimoine, je suis contre le domicile, la nationalité, je suis pour la suppression de l'état civil, je suis pour la suppression de la famille, je suis pour la suppression de l'enfance aussi si on peut. »

Ça commence bien

Nom de Constance Debré, c'est le récit d'un dépouillement progressif. Il faut, selon elle, se débarrasser d'un héritage, une marque de fabrique : le nom de famille, qui lui pèse énormément. Car elle est née Debré, sa famille a compté un ministre, des députés. Le livre audio s'ouvre, après tout, sur la mort de son père, pour qui elle avait néanmoins de l'affection. Cette prise d'indépendance se fait aux dépens de sa famille, du milieu conformiste bourgeois dans lequel elle a grandi : c'est une déconstruction pour permettre une reconstruction.

Aujourd'hui j'ai un corps, il a fallu des années. ce n'est pas une idée, ce n'est pas un discours, c'est un fait vérifiable dans la glace. Mon corps est apparu quand je suis devenue écrivain, quand je suis devenue homosexuelle, quand je me suis débarrassée de beaucoup de choses et que j'ai perdu le reste.

Eloge de la liberté, de la rébellion et de l'insoumission, Nom poursuit la volonté de Constance Debré, initiée dans ses autofictions Play boy et Love me tender de tout refuser : autorité parentale, transmission, famille. Son style est direct, un vrai coup de poing à l'estomac. Tout est très frontal, rythmé. On retrouve un ascétisme qui va à l'extrême, jusque dans le style d'écriture, épuré et cinglant. Le livre audio, en récit de soi assumé, est lu par Constance Debré elle-même.

Je raconterai toujours la même chose. Qu’il faut se barrer. De n’importe où et n’importe comment. Se barrer. Aller ne plus en plus loin. Géographiquement ou sans bouger. Être de plus en plus seul. Aller vers la solitude. La sienne ou celle de l’autre.