Prix Goncourt 2024
Houris
"Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant." Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance, qu’elle n’a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu’elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Son histoire, elle ne peut la raconter qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être. Couverture : D’après photo © Raymond Depardon / Magnum Photos
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Au creux de l'oreille, des voix inoubliables
L’ÉQUIPE DE BOOK D’OREILLE A AIMÉ
- Coup de cœur
Le barman du ritz
Romans contemporainsJe découvre ce livre audioJuin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l’art de vivre à la française, les occupants y côtoient l’élite parisienne, tandis que derrière le bar œuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde.
S’adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de l’énigmatique et troublante Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s’aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation.
La plupart d’entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d’orchestre de cet étrange ballet, cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif.
Philippe Collin restitue avec virtuosité et une méticuleuse précision historique une époque troublée. À travers le destin de cet homme méconnu, il se fait l’œil et l’oreille d’une France occupée, et raconte l’éternel affrontement entre la peur et le courage. - Coup de cœur
La République des faibles
Policier & suspenseJe découvre ce livre audioLe 1er janvier 1898, un chiffonnier découvre le corps d'un enfant sur les pentes de la Croix Rousse. Très vite, on identifie un gamin des quartiers populaires que ses parents recherchaient depuis plusieurs semaines en vain. Le commissaire Jules Soubielle est chargé de l'enquête dans ce Lyon soumis à de fortes tensions à la veille des élections.S'élèvent les voix d'un nationalisme déchaîné, d'un antisémitisme exacerbé par l'affaire Dreyfus et d'un socialisme naissant. Dans le bruissement confus de cette fin de siècle, il faudra à la police pénétrer dans l'intimité de ces ouvriers et petits commerçants, entendre la voix de leurs femmes et de leurs enfants pour révéler les failles de cette république qui clame pourtant qu'elle est là pour défendre les faibles. Avec ce premier polar historique, Gwenaël Bulteau, d'une plume aussi poétique que vibrante, nous fait entendre la clameur d'un monde où la justice peine à imposer ses règles, au détour d'une enquête qui fera tomber les masques un à un. - Coup de cœur
Ici et seulement ici
Roman 9-12 ans, Science Fiction & FantastiqueJe découvre ce livre audioPar-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l’intérieur des murs, au fond de l’invisible, je perçois quelque chose que j’arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi. Ici ne ressemble à nulle part. Ici n’obéit qu’à ses propres règles. Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs. Et quoi qu’il arrive, tout le monde passe par Ici. Huit comédiens de talent s'emparent de ce roman choral vertigineux, addictif et puissant, et nous offrent une expérience de lecture ébouriffante !
Coup de cœur libraireIl y a quelque chose dans les murs du collège. Quelque chose de mauvais, de venimeux, qui monte à la tête des élèves et se moque d’eux. Le collège est régi à la manière d’un véritable royaume ou d’une pièce de théâtre, avec des rôles distribués dès le début de l’année scolaire. Chacun est Haut ou Bas, à l’exception de quelques impairs… Suivant un scénario qui semble inévitable et cyclique, les adolescents se révoltent, disparaissent, assassinent dans l’attente d’une fin du monde inexorable.Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l'intérieur des murs, au fond de l'invisible, je perçois quelque chose que j'arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi. Ici ne ressemble à nulle part. Ici n'obéit qu'à ses propres règles. Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs. Et quoi qu'il arrive, tout le monde passe par Ici.
Dans ce roman choral bien différent de La Passe-Miroir, Christelle Dabos aborde la période importante et incontournable du début de l’adolescence qu’on traverse lors de nos années collège. L’important, dans l’Ici, c’est de rentrer dans le moule et de respecter ses règles cruelles et absurdes. Les élèves arriveront-ils à briser le cercle vicieux de la cruauté adolescente et du harcèlement ?Mêmes bagues, mêmes boucles, mêmes barrettes, mêmes bretelles, mêmes bracelets, mêmes bijoux, même blush, même blouse, et bien sûr, même boutique. Tout mon argent de poche y est passé. J'ai demandé des sous au beau-père, piqué dans le porte-monnaie de ma frangine et pété mon cartable de primaire pour que maman m'achète un sac moins la honte, que je jette sur une seule épaule et rien à foutre si ça me déglingue le dos. Le prix de la transparence.
Ici et seulement ici est déstabilisant. L’autrice prend la décision de parler d’un sujet réaliste sous un angle fantastique afin d’interpeller d’autant plus son lecteur. Tout au long du roman, le sentiment de malaise et la tension ne font que monter, jusqu’au point de non-retour. Si les phénomènes surnaturels du récit apparaissent de façon soudaine et inexpliquée, c’est pour accentuer l’aspect absurde des règles d’Ici et des actes qui s’y déroulent. Chaque audiolecteur s’identifiera à un des personnages selon le rôle qu’il y joue : bourreau, victime, spectateur passif, élève invisible… Ce livre audio suit six points de vue différents et ce sont huit interprètes de talent qui réussissent à retranscrire parfaitement, avec vigueur et émotion, toute la personnalité des personnages. L’expérience en est alors encore plus puissante. A écouter de toute urgence !Je regarde Ici. Le lieu où on disparaît, où on assassine, où on révolutionne et où on naît à la fois. Pour peu qu'on y survive.
- Coup de cœur
Farida
Romans contemporains, Littérature québécoiseÀ travers le récit d'une femme atypique qui a su défendre son indépendance, Monia Mazigh nous fait voir avec beaucoup de réalisme le modèle patriarcal qui conditionnait la société tunisienne au siècle dernier.Je découvre ce livre audio - Coup de cœur
Vivre vite
Romans contemporainsJe découvre ce livre audio"J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence. Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l'accident." En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s'étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu'à produire l'inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux. Brigitte Giraud mène l'enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.Micky Sebastian incarne avec justesse cette femme qui tente de trouver désespérément des raisons à un évènement tragique et inconcevable.Coup de cœur libraire
Avant de quitter la maison dans laquelle elle avait prévu de s'installer avec son mari, décédé entre-temps dans un accident de moto, Brigitte Giraud fait un ultime retour en arrière pour enquêter sur ce tragique événement. Un retour en arrière égréné par des "si" au fur et à mesure que l'autrice énumère des hypothèses qui auraient pu éviter l'inévitable. En 21 "si", elle dissèque toutes ces petites conditions qui ont mené à l'accident.La maison était devenue le témoin de ma vie sans Claude. Une carcasse qu'il m'avait fallu apprendre à habiter, et dans laquelle j'avais abattu des cloisons avec de grands coups de masse à la hauteur de ma colère.
Récompensé cette année par le prix Goncourt, Vivre vite nous met face à un questionnement sur notre impuissance et notre vulnérabilité. Face au hasard de la mort qui n'a pas de sens, la "vie parfaite" est fragile, tout ce qui a été construit peut s'envoler en une seconde. Sa constatation a beau être amère, son ton n'est cependant jamais alarmiste. En effet une pointe d'humour peut faire son apparition au détour d'une phrase, ainsi que des émotions nouvelles, que l'on croyait éteintes pour toujours.Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d'horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l'origine de chaque geste, chaque décision. On rembobine cent fois. On devient le spécialiste du cause à effet. On traque, on dissèque, on autopsie. On veut tout savoir de la nature humaine, des ressorts intimes et collectifs qui font que ce qui arrive, arrive. Sociologue, flic ou écrivain, on ne sait plus, on délire, on veut comprendre comment on devient un chiffre dans des statistiques, une virgule dans le grand tout. Alors qu'on se croyait unique et immortel.
Vivre vite parle du deuil sans fard. Pas de place pour le pathos : si elle parle bien de douleur et de chagrin, la plume de Brigitte Girard est à la fois émouvante et retenue. Avec le recul de vingt ans passés dans cette maison façonnée par le deuil, elle détaille toutes les étapes par lesquelles elle est passée. Cette femme qui refuse de se faire appeler "veuve" est incarnée par la talentueuse Micky Sebastian. Sa voix, habituée au doublage de films, apporte une douceur et une chaleur très agréables à la lecture, qui rendent le témoignage intime de Brigitte Giraud encore plus proche de nous.Il me faut parfois me concentrer pour reconstituer tes traits. Cela je ne l'aurais jamais imaginé. Pour accéder à tous les détails. Je dois convoquer une scène très particulière pour capter ton regard. Je ne parle pas de tes yeux, dont je sais par cœur l'intensité du velours noir, mais de ton regard. Je dois me concentrer et faire resurgir ce moment que j'avais photographié mentalement, je me souviens que je m'étais dit à cet instant : si jamais.
- Coup de cœur
Coraline
Romans 6-8 ansJe découvre ce livre audioCoraline vient d’emménager dans une vieille maison. Alors que ses parents s’occupent de l’installation, la jeune fille décide de jouer les exploratrices. Méfiance…
Une des portes révèle d’abord un mur de briques, puis un monde fantastique et attirant, étrangement semblable au sien.
Chef d’œuvre de la littérature fantastique, Coraline a remporté de nombreux prix et a été porté à l’écran en 2009 par Henry Selick.
Neil Gaiman signe avec Coraline un roman inoubliable, qui s’inscrit dans la droite ligne d’Alice au pays des merveilles.
Coup de cœur libraireCoraline et ses parents s'installent dans une nouvelle maison. A première vue, cela n'a rien de réjouissant : les voisins sont complètement toqués et s'obstinent à l'appeler Caroline, ses parents sont ennuyeux à mourir, et il n'y a rien à faire dans cette grande maison. Jusqu'à ce qu'elle découvre une petite porte qui mène sur un monde qui semble en tout point identique au sien. Sauf que... Tous ces "autres" ont des boutons à la place des yeux. Et si elle décide de rester dans ce monde parfait, c'est ce qui l'attend elle aussi. Mais cet autre monde est-il vraiment aussi parfait qu'il ne veut le paraître ?Coraline lui passa sa tasse. Mademoiselle Spink considéra d'un œil myope les feuilles noires qui en tapissaient le fond, puis fit la moue.- Ma petite Caroline, commenta-t-elle au bout d'un moment, tu cours un terrible danger.Madame Forcible eut un reniflement de mépris, et posa son tricot.- Ne dis donc pas de sottises, April, tu vas l'effrayer. Tes yeux ne sont plus ce qu'ils étaient, voilà tout. Allons, passe-moi cette tasse mon petit.Coraline la lui donna. L'autre en considéra attentivement le fond, secoua la tête, puis reprit son examen détaillé :- Aïe, tu as raison, April. Cette petite est effectivement en danger.
Classique de la littérature de jeunesse, ce conte fantastique de Neil Gaiman rappelle Alice au Pays des merveilles par son onirisme et ses personnages hauts en couleurs et excentriques. Coraline est une petite fille dont la curiosité l'amène à découvrir un monde parallèle fait pour lui plaire... Mais gare aux illusions ! Car ce qui semble au premier abord un vrai conte de fée s'avère être un piège bien ficelé, angoissant aussi bien pour les adultes que les enfants. L'ambiance est particulière et bizarre, qui peut même donner un certain sentiment de malaise à l'audiolecteur.- Si tu as envie de rester pour toujours et à jamais, reprit l'autre père, il y a seulement une petite formalité à remplir.Ils allèrent dans la cuisine. Sur la table était posée une assiette, sur l'assiette un bout de tissu noir, et sur le tissu une longue aiguille argentée, ainsi que deux gros boutons noirs.
Que vous ayez vu l'adaptation en film par Tim Burton ou que vous adoriez les histoires de Gaiman, du moment que vous aimez le mystère et les chats qui parlent, vous serez happé par Coraline. D'autant qu'il est lu par Cachou Kirsch, qui sait passer de vieille dame à mère doucereuse et malveillante tout en sachant donner à Coraline sa voix de petite fille débrouillarde et courageuse.- Vous êtes dégoûtante, dit Coraline. Dégoûtante, malfaisante et détraquée.- On ne parle pas comme ça à sa mère, répliqua son autre mère, la bouche pleine de cafards.